Contes du Niger
Contes et légendes du Niger
publication october 2013
Flies France editions
Aux Origines du Monde collection
collected and translated by Rahila Hassane
digital illustrations
12,5 × 22,5 cm
Contes et légendes du Niger
publication october 2013
Flies France editions
Aux Origines du Monde collection
collected and translated by Rahila Hassane
digital illustrations
12,5 × 22,5 cm
Mais un soir, dans un village un paysan à trois têtes et sa femme à deux têtes mirent au monde leur unique enfant à une seule tête. Ils le prénommèrent Dan-Zabarma. Ils comprirent tout de suite qu’ils ne pouvaient pas le garder. D’autant plus qu’ils eurent envie de le dévorer dès sa naissance.
Un jour, avant que la lumière bleutée de l’aube apparaisse à l’horizon, le jeune homme à son réveil, croisa le regard perçant de l’oiseau à côté de lui.
Sans lui laisser le temps de réagir, l’aigle lui dit:
– Décidément, vous, les humains, on ne peut pas vous comprendre. Que fais-tu devant un corps en putréfaction?
La tourterelle ne prit pas la peine de mettre le bec de la pie jusqu’au moment où ses oisillons commencèrent à réclamer la becquée. Là, elle se rendit compte que le bec de la pie ne lui allait pas. Il était trop grand. Il ne tenait pas. Pour elle, manger devint un calvaire. Elle pouvait à peine serrer le bec pour attraper des graines.
Pour la pie, ce fut une renaissance. Personne ne la reconnut avec son bec si fin. Elle devint moins bavarde et sa voie devint douce et chantante.
-Ne t’inquiète pas, lui dit le lionceau, ma mère m’a rapporté un repas que je n’ai pas mangé hier. Je le partage volontiers avec toi.
Et le lionceau d’aller au fond de la tanière et de revenir avec le bras de la mère de son ami.
Il était un homme pauvre, très pauvre. Il était un roi riche, très riche.
L’homme était le meilleur maçon de la contrée. Un jour, le roi fit appel à lui pour construire une salle de trésor à même la roche d’une colline qui surplombait la ville. Il se mit à la tâche le jour même et seul, car le roi refusait que quelqu’un d’autre connaisse la cachette.
Il décida alors de se confier à la terre. La terre mère. La terre ne pouvait pas le trahir. Alors il creusa un trou profond, il s’accroupit devant le trou et :
– Oh Terre ! Terre ! Mes yeux ont vu ce qu’il ne faut pas voir ! Le roi, notre roi avec une corne de bouc sur la tête ! Il l’a cachée à son peuple pendant toutes ses années ! Oh Terre, toi qui m’a vu naître, toi qui me verras mourir ! Le roi a une corne ! Et quelle corne !
Marika sortit tout ce qu’il avait sur le cœur, referma le trou et rentra chez lui soulagé, léger, guéri. La vie reprit son cours.
Ils dansèrent, les animaux. Dansèrent jusqu’à ce que le soleil soit au zénith, dansèrent jusqu’à ce que la crotte commença à sécher, dansèrent jusqu’à ce que la flûte commença à émettre un son bizarre :
Katti …tott…fiut…
Rittiti…fut…prouf…
La crotte s’assécha et la flûte se tut.
Mais à vingt-cinq ans et malgré sa beauté, Hadiza n’avait toujours pas de mari. Les gens commencèrent à parler, à critiquer, à montrer du doigt les parents de la jeune fille. Hadiza, elle, se disait qu’elle avait tout son temps, qu’elle était jeune et qu’elle voulait un homme aussi beau qu’elle. Et mieux: elle voulait un homme qui n’a aucune cicatrice sur le corps.
– C’est dieu qui m’envoies prendre l’âme de ton dernier-né. C’est ainsi.
Sa’adé se précipité dans la deuxième chambre avec sa fille endormie. Cette fois-ci, elle décida de ne pas se laisser faire. Ohhh non ! Elle coucha son enfant, ferma la porte à clé et revint se planter à côté de l’entrée de la chambre, munie d’une massue. Comme la mort allait s’approcher, elle serra fermement son arme et l’attendit. Son instinct maternel se réveilla. Capable d’arrêter un taureau en pleine course.
La mort s’avança et Sa’adé l’assomma d’un coup. La mort tomba à la renverse. Il lui fallut dix bonnes minutes pour reprendre conscience. Elle ne demanda pas son reste.
La jeune femme laissa son fils à contre cœur et partit. La marâtre se leva, nettoya son pilon, mit le bébé dans le mortier et dit :
– Aujourd’hui, finis ton sourire, tes gazouillis que je ne supporte plus. Ta mère veut me tuer de jalousie, elle ne sait pas ce qui l’attend.
Chaque fois qu’elle souleva son pilon au-dessus de l’enfant, il lui fit un sourire et, chaque fois, ça l’arrêta. Puis elle prit son courage à deux mains, ferma les yeux, écrasa l’enfant et en fit une sauce arachide. Le soir, Dawdawa revint du bois. Elle posa son fagot et dit :
– Mère, ou est mon enfant ?