Baptiste Hersoc

Elles ne sont pas belles à voir parce qu’avec le couteau, les cheveux ne se coupent pas très bien, on voit même le crâne en plastique et les trous où sont collés les cheveux.

Je n’aime pas les poupées parce qu’elles regardent toujours au même endroit et font semblant d’écouter tout ce qu’on leur raconte, même les histoires que j’invente pour elles…

Ce dimanche, le cerisier me regarde de ses mille fleurs droit dans les yeux.

Il y a du soleil. De ses mille bras, il me caresse, des gouttes chaudes tombent sur tout. La rue ronronne de ses mille fenêtres ouvertes.

C’est dimanche. Le printemps ne suffit pas au bonheur des mains tannés et oubliées dans l’immobilité du jour de repos. La lumière coule du cerisier en larmes blanches… je dois y aller ! Jusqu’à la gare, à pied, puis en train, puis en métro…

Sans rien dans le ventre, rien d’autre que la haine qui me nourrissait, j’ai attendu la nuit.

Noire, puante, respirée par les ronflements, oubliée dans les recoins du bromure.

Le sergent était si vulnérable dans son sommeil ! Un filet de salive s’échappait de sa bouche ouverte, ses jambes maigres et couvertes de poils hirsutes gisaient par dessus la couverture. J’ai su tout de suite qu’il allait faire un mort très laid…

Nous attendons tous impatiemment le moment le plus important : que les vers tombent dans la tristesse la plus profonde, qu’ils ne bougent plus, ne mangent plus, ne chient plus. Nous les recouvrons de branches de mûrier et les laissons dans l’intimité pour qu’ils se mettent à la sécrétion du cocon. C’est le signe que les vacances approchent !

Il décida de ma vie et je décidai de me marier, mais pas avec n’importe qui. Je choisi le plus timide des prétendants. Celui qui m’écrivais des poèmes désuets, celui qui n’osa jamais m’embrasser…

C’est bientôt la fin… il faut que je réussisse à lire jusqu’au bout ce discours. J’ai honte d’être là, devant tous ces gens qui me regardent et qui m’écoutent. J’ai honte de les tromper, de lire des mots écrits par un autre hypocrite que moi, mais, que cela soit dit au passage, qui a eu le courage de faire comme tout le monde, faire semblant.

Il y a toutefois cette désolation au milieu de laquelle je me trouve en ce moment même et que je vois avec ces couleurs.

Peut-être parce que j’ai la sensation que le temps n’existe plus, la solitude qui règne en moi est aussi à l’extérieur de moi…